Entre tabous persistants et curiosité grandissante, le chevillage s’impose progressivement dans les conversations sur la sexualité des couples modernes. Cette pratique sexuelle, qui voit les femmes endosser le rôle de pénétrantes, soulève autant de questions qu’elle apporte de réponses sur l’évolution de nos rapports intimes.
Marie hésite depuis plusieurs minutes devant le rayon des sex-toys d’une boutique parisienne. À 32 ans, cette consultante en communication s’apprête à franchir un cap dans sa vie de couple. « Mon compagnon m’a parlé du chevillage il y a quelques mois. J’avoue que ma première réaction a été… disons, mitigée », confie-t-elle avec un sourire gêné. Son histoire n’a rien d’exceptionnel. Selon une étude de l’IFOP datant de 2021, 12% des Françaises auraient déjà expérimenté cette pratique sexuelle qui consiste, pour faire simple, à inverser les rôles traditionnels au sein du couple lors d’un rapport intime.
Le chevillage : une pratique sexuelle ancienne au nom moderne
Le chevillage – ou pegging dans sa version anglaise – désigne l’acte par lequel une femme pénètre son partenaire masculin à l’aide d’un gode-ceinture. Si le terme peut sembler cru, la réalité qu’il recouvre est bien plus nuancée. « C’est avant tout une exploration commune du plaisir au sein du couple », explique le Dr Sébastien Garnero, sexologue et psychothérapeute à Paris. « Nous parlons d’une pratique sexuelle qui existe depuis l’Antiquité mais qui n’avait simplement pas de nom en français. »
Et pour cause. Ce n’est qu’en 2001 que le journaliste américain Dan Savage, confronté à l’absence de vocabulaire pour décrire cette réalité dans les couples, organisa un concours linguistique dans sa chronique. Le terme anglais « pegging » l’emporta, mais en France, c’est le mot chevillage qui s’est progressivement imposé pour désigner cette pratique sexuelle spécifique au couple.
Comprendre les ressorts du chevillage dans le couple
Mais pourquoi un homme en couple hétérosexuel souhaiterait-il être pénétré ? La réponse se trouve dans l’anatomie masculine, et plus précisément dans la prostate. Cette glande, située à environ cinq centimètres de l’entrée du rectum, constitue une zone érogène majeure. « La prostate possède une concentration de terminaisons nerveuses comparable au clitoris chez la femme », précise le Dr Garnero. « Sa stimulation lors du chevillage peut procurer des orgasmes très intenses, qualitativement différents. »
Thomas, 35 ans, en couple depuis 7 ans, témoigne : « La première fois que nous avons pratiqué le chevillage, j’ai été stupéfait par l’intensité des sensations. C’est un plaisir plus diffus, qui irradie dans tout le bassin. » Une expérience que confirme Marc, 41 ans, marié depuis 15 ans : « Il m’a fallu dépasser mes préjugés, mais le chevillage a vraiment enrichi notre vie de couple. »
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Les préjugés autour du chevillage dans les couples hétérosexuels
Car c’est bien là que le bât blesse. Dans l’imaginaire collectif, cette pratique sexuelle reste mal comprise. « C’est un raccourci absurde de penser que le chevillage remet en question la masculinité ou l’hétérosexualité du couple », s’insurge Camille Froidevaux-Metterie, philosophe et auteure de plusieurs ouvrages sur la sexualité. « Cette pratique sexuelle n’a aucun rapport avec l’orientation du couple. »
Cette confusion entretient une forme d’omerta autour du chevillage dans les couples. « Quand j’en ai parlé à mes amis mariés, ils m’ont regardé comme si notre couple était bizarre », raconte Antoine, 28 ans. Une réaction qui illustre la persistance des stéréotypes sur ce que devrait être une pratique sexuelle « normale » au sein d’un couple.
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L’art de la communication : clé du chevillage réussi dans le couple
Face à ces tabous, la communication au sein du couple devient cruciale pour aborder le chevillage. « Cette pratique sexuelle ne s’improvise pas », prévient Margot Fried-Filliozat, sexothérapeute spécialisée dans les couples. « Elle nécessite une discussion approfondie sur les envies de chacun. » Sophie, 34 ans, se souvient : « Nous en avons parlé pendant des semaines avant d’intégrer le chevillage à notre vie de couple. »
Cette phase de dialogue permet aussi d’aborder les aspects pratiques de cette pratique sexuelle. « Le choix du matériel est fondamental pour débuter le chevillage », explique Lucie, conseillère spécialisée. « On recommande aux couples de commencer avec des modèles de petite taille. »
Pour un guide pratique détaillé sur comment intégrer cette pratique à votre vie intime, consultez notre guide complet du pegging.
Les clés pour un chevillage épanoui au sein du couple
Au-delà du choix du matériel, plusieurs éléments conditionnent la réussite du chevillage dans le couple. L’hygiène est primordiale pour cette pratique sexuelle. « Une préparation adéquate permet aux deux partenaires d’être détendus », précise le Dr Garnero.
La position joue également un rôle important. « Chaque couple doit trouver ce qui lui convient », explique Margot Fried-Filliozat. « Certains préfèrent des positions où ils peuvent se regarder, renforçant ainsi la connexion émotionnelle pendant cette pratique sexuelle. »
Laura, 29 ans, partage son expérience du chevillage avec son conjoint : « Au début, j’étais maladroite. Mais voir le plaisir de mon partenaire pendant le chevillage… c’était une nouvelle dimension de notre sexualité de couple. »
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Le chevillage : une redéfinition des rôles dans le couple moderne
Car le chevillage ne se résume pas à une simple pratique sexuelle. Il interroge profondément les dynamiques au sein du couple moderne. « Pour la première fois, j’étais celle qui menait dans notre intimité », raconte Emma, 37 ans. « Le chevillage m’a permis de découvrir une facette active de ma sexualité dans notre couple. »
Cette pratique sexuelle peut d’ailleurs profiter aux deux partenaires. « Le chevillage m’a permis de mieux comprendre ma compagne », confie Julien, 33 ans. « Cette empathie corporelle a enrichi l’ensemble de notre vie de couple. »
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Les bénéfices insoupçonnés du chevillage pour les couples
Les couples qui intègrent régulièrement le chevillage à leur pratique sexuelle évoquent souvent des bénéfices qui dépassent le cadre strictement physique. « Cette pratique a renforcé notre complicité de couple », témoigne Sarah, 40 ans. « Le fait d’avoir osé explorer ensemble le chevillage nous a rapprochés. »
Cette dimension psychologique n’est pas à négliger. « Cette pratique sexuelle nécessite une grande confiance mutuelle au sein du couple », analyse le psychologue David Gourion. « L’exploration du chevillage peut considérablement renforcer les liens. »
Une pratique sexuelle qui se démocratise dans les couples français
Si les chiffres restent modestes – 5% des couples auraient pratiqué le chevillage selon l’IFOP – la tendance est à la hausse. « Nous observons une démocratisation de cette pratique sexuelle chez les couples de tous âges », confirme Paul, spécialiste du secteur.
Cette évolution du chevillage s’accompagne d’une meilleure représentation médiatique. « C’est important que les médias parlent de ces pratiques sexuelles au sein des couples », estime Clara Boisson, sociologue. « Cela contribue à normaliser le chevillage et d’autres explorations intimes. »
Les précautions pour une pratique sécurisée du pegging en couple
Malgré cet engouement croissant, le chevillage nécessite certaines précautions. « Comme toute pratique sexuelle impliquant une pénétration, le chevillage doit être progressif », rappelle le Dr Garnero. « Les couples doivent respecter le rythme de chacun. »
Il recommande également aux couples pratiquant le pegging de respecter certaines règles d’hygiène et d’utiliser un lubrifiant adapté pour cette pratique sexuelle spécifique.
Le chevillage : vers une sexualité de couple plus libre ?
Le succès grandissant du chevillage traduit-il une évolution plus profonde de la sexualité au sein des couples modernes ? « Nous assistons à une remise en question des scripts traditionnels », analyse Janine Mossuz-Lavau, spécialiste des comportements sexuels. « Les couples d’aujourd’hui envisagent leur pratique sexuelle de manière plus fluide. »
Une vision que tempère toutefois le psychanalyste Serge Hefez : « Le chevillage doit rester un choix libre au sein du couple, pas une obligation pour paraître moderne. »
L’importance du consentement mutuel dans la pratique du pegging
Car au-delà des techniques, c’est bien la question du désir mutuel qui reste centrale dans le chevillage. « Cette pratique sexuelle ne convient pas à tous les couples, et c’est très bien ainsi », rappelle Margot Fried-Filliozat. « L’essentiel est que le couple puisse en parler ouvertement. »
Marine, 31 ans, en témoigne : « Mon conjoint m’a parlé du chevillage, mais je ne me sens pas prête pour cette pratique sexuelle. Il respecte mon choix, et c’est ça qui compte dans notre couple. »
Cette liberté de parole constitue peut-être la vraie révolution. Plus qu’une simple pratique sexuelle, il symbolise une approche plus égalitaire de la sexualité au sein du couple moderne. Dans un monde où les rôles traditionnels sont questionnés, le chevillage apparaît comme une métaphore de l’évolution des couples contemporains.
Qu’on le pratique ou non, le simple fait que les couples puissent parler ouvertement du pegging constitue une victoire sur les tabous. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : permettre à chaque couple d’explorer sa sexualité selon ses désirs, dans le respect mutuel. Le chevillage n’est qu’une option parmi d’autres dans le répertoire des pratiques sexuelles du couple moderne.
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